Le 9 septembre 1944, le général de Gaulle, soucieux
d’élargir sa représentativité et de neutraliser ses concurrents potentiels,
forme un nouveau gouvernement dit « d’unanimité
nationale ».
Il est majoritairement composé de résistants de la France libre ou de la Résistance
intérieure.
L’assemblée consultative qui siège du 7 novembre 1944 au 3 août
1945 comprend 248 membres : l’ensemble du CNR, 174 résistants, 60 anciens
parlementaires de 1940 et des conseillers généraux d’outre-mer.
Tout est en
place pour favoriser émergence du nouvel ordre politique, économique et
social souhaité par la résistance.
LE PROGRAMME DU CNR ET L'ACTION GOUVERNEMENTALE
Une très large majorité de la population aspire à
des institutions politiques nouvelles et même à une société nouvelle.
Elle
souhaite un transfert réel de pouvoir et des réformes profondes.
Le CNR s’est doté la 15 mars 1944 d’un programme
prévoyant à la Libération l’adoption d’un plan de nationalisations, le soutien
aux coopératives de production, l’accès des travailleurs à la direction de
l’économie, le droit au travail, au repos, au salaire minimum, à la sécurité
sociale.
La première vague de nationalisations survient au cour de l’hiver
1944-1945, suivie d’une seconde vague, de décembre 1945 à mai 1946.
La loi du
2 décembre 1945 nationalise le crédit. L’état devient le seul actionnaire de la
banque de France et de quatre grandes banques de dépôts.
La nationalisation des
assurances survient le 25 avril 1946, celle de l’électricité et du gaz le 8
avril 1946.
C’est également en 1946 qu’est institué un système
complet de sécurité sociale, fondé sur le principe de l’égalité, qui prend en
charge les soins médicaux, les retraites et les pensions d’invalidité, et
l’indemnisation du chômage.
LA RECONSTITUTION DU PAYSAGE POLITIQUE ET SYNDICAL FRANÇAIS
Dès le début de l’année 1945, les partis politiques
reconstitués au grand jour s’avèrent également porteurs de courants et
d’idées issus de la Libération.
Les congrès
des partis politiques reconstitués se succèdent dès la fin de l’année 1944.
L’ordonnance du 27 juillet 1944 rétablit la liberté
et le pluralisme syndical.
Elle prévoit la suppression de l’ensemble des mesures prises par le régime de Vichy, l’épuration et la reconstitution des
organisations ouvrières.
Le 27 août 1944, la CGT reprend son activité publique.
La CFTC voit quant à elle son assise s’élargir, grâce à l’acquis de la
Résistance.
LE TEMPS DU RÈGLEMENT DES COMPTES
La libération survenue, commencent les règlement de
comptes après ces quatre années d’occupation.
Partout en France, aux premières heures de la
Libération, des femmes sont tondues publiquement. Elles sont soupçonnées d’avoir
eu des relations personnelles avec des soldats allemands, d’avoir adhéré à un mouvement
de collaboration, d’avoir manifesté des opinons favorables à l'Allemagne, d'avoir touché de l'argent du fait de relations professionnelles ou commerciales avec les Allemands ou encore d'avoir été des dénonciatrices aux autorités d'occupation.
Nogent sur Marne
Femmes tondues à la Libération.
Archives départementales du val de Marne
On voit des croix gammées peintes sur les maisons, des huées publiques, des enlèvements, des séquestrations et des exécutions sauvages, publiques ou privées.
La police, les FFI et les Milices patriotiques procèdent à des arrestations.
Dès le début du mois de septembre, les commissaires de la République font procéder à des arrestations préventives et font interner des personnes suspectes de collaboration ou de marché noir.
Créteil, 28 septembre 1944.
Commission d'épuration de l'hôpital de Créteil : appel à la dénonciation.
En septembre 1944, des Cours spéciales de justice sont instituées pour juger des délits graves.
La justice condamne l'intelligence avec l'ennemi et les actes nuisibles à la défense nationale, par les articles 75 et 83 du Code Pénal.
Mais l'épuration provoque un malaise national.
De Gaulle considère que l'indulgence s'impose, qu'il faut lancer la reconstruction très rapidement.
Paris, 13 mars 1945.
Lettre du secrétaire du comité d'épuration de Joinville le Pont.
Il s'étonne de la libération prématurée de cinq personnes.
Archives départementales de Paris
Il entend donner à la France l'image d'un peuple de résistant et use de son pouvoir de grâce.
Le maréchal Pétain est inculpé d’intelligence avec l’ennemi,
jugé par la Haute Cour du 23 juillet au 15 août 1945. Il tente de faire valoir que le pouvoir lui avait été confié
légitimement, et qu’il en a usé comme d’un bouclier pour protéger le peuple français.
Condamné à la peine de mort, à l’indignité nationale et à la confiscation de
ses biens.
Il est gracié par de Gaulle et emprisonné à l’île d’Yeu où
il meurt en 1951.
Pierre Laval est jugé pour haute trahison, et reconnu
coupable de conspiration contre l’Etat et de collaboration avec l’ennemi. Son
procès porte à leur comble les passions politiques et partisanes.
La retenue
qui s’était manifestée lors du procès de Pétain est balayée par la haine que
Laval a inspirée et inspire encore à toutes les tendances de l’opinion
politique. Condamné à mort, il est exécuté à Fresnes, le 15 octobre 1945, après
avoir tenté de s’empoisonner dans sa cellule.
En tout, l'épuration a concerné 350 000 personnes, dont 30 000 fonctionnaires.
25 000 dossiers pénaux ont été instruits qui ont abouti à 1
500 condamnations à mort.
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