Le
17 août 1944, 1500 fonctionnaires manifestent place de l’Hôtel de Ville.
Le
10 août, les FTP ont pourtant lancé un appel «Tous au combat ! En avant
pour l’insurrection nationale ! Marchez au canon ! ».
Dans
l’après-midi du 18 août, la CGT et la CFTC appellent tous les travailleurs à la
grève.
Consulté, le CNR décide, sur la proposition de Georges Bidault de
soutenir ces initiatives.
Le soir, les commandants de la Garde républicaine et
de la Gendarmerie de la Seine se placent sous les ordres de la Délégation
générale.
Dans la soirée, le colonel Rol-Tanguy décrète la mobilisation générale
en exécution des consignes du CNR et en
accord avec les décisions du CPL. Par une affiche apposée sur les murs, ordre
est donnée à tous les Parisiens de rejoindre les FFI.
Août 1944
Ordre de mobilisation générale
Coll MRN Champigny
Le département de la Seine relaye l'appel, et les résistants s'activent.
Affiche d'août 1944
Archives départementales du val de Marne
Les différents mouvements communistes appellent à l'insurrection
pour aider et soutenir les combats dans Paris.
LES DÉCISIONS D'ALGER
Le
gouvernement provisoire à Alger redoute une insurrection non contrôlée et
craint une prise de pouvoir populaire au sein de la capitale. Or, il veut
rester maître de Paris par l’intermédiaire de la Délégation Générale.
C’est
dans ce contexte qu’intervient la nomination des préfets : Marcel
Flouret, ancien directeur de cabinet au ministère du blocus et Charles
Luizet, premier préfet de la Corse libérée, sont respectivement nommés préfet
de la Seine et préfet de police.
LE 19 AOÛT : PREMIER JOUR DE L'INSURRECTION
L’insurrection
se prépare.
L’initiative vient de la police. Prévenus dans la nuit, 2000
policiers insurgés occupent la préfecture de police au matin du 19 août.
Bussières,
le préfet de police est arrêté.
Rol-Tanguy se rend sur les lieux pour soutenir
les insurgés et leur prescrire le port du brassard FFI.
L’ordre général
d’insurrection nationale, lancé quelques heures avant, rappelle à chacun sa
mission : patrouille dans Paris, occupation des bâtiments publics, usines,
gares… enfin « ouvrir la voie de Paris aux armées alliées
victorieuses et les y accueillir ».
Les policiers accueillent Charles
Luizet et hissent les couleurs.
Rol Tanguy avise tout détenteur d'armes de les remettre aux FFI sous peine de représailles.
Les
premières fusillades éclatent. Les milices patriotiques s’emparent des Halles
et de la Poste centrale de la rue du Louvre.
Les FFI passent à l’attaque dans
les 1er et 13e arrondissements, à Saint-Denis, Neuilly,
Vitry et Aubervilliers.
Communiqué officiel de l'état major des FFI de la région Ile de France
pour les journées des 20 et 21 août 1944
Coll MRN Champigny
Observant les directives du CPL, les comités locaux de Libération occupent les mairies
d’arrondissement. Parfois, les choses se passent de la manière la plus
simple : une délégation du comité local de libération arrive, l’équipe en
exercice lui cède la place de bon gré.
Dans le 19e arrondissement,
elle se met spontanément à sa disposition. En banlieue Est, les mairies de
Montreuil, des Lilas, de Bondy ont été prises dès le vendredi 18 août par des
FTP.
L’occupation
des édifices gouvernementaux doit être exécutée sous les ordres d’Alexandre
Parodi.
Pour assurer l’intérim avant l’arrivée des ministres de Gouvernement
provisoire, chaque ministère est confié à un secrétaire général, rejoint par un
officier de police accompagné d’un détachement armé et qui n’a plus qu’à
prendre possession de l’édifice déserté.
Le
drapeau tricolore flotte à l’Hôtel de Ville.
Le dimanche 20 à l’aube, Léo
Hamon, du CPL, et une poignée d’hommes investissent l’Hôtel de Ville sans
grande difficulté, avec l’aide de quelque 200 agents résistants.
L’après-midi,
Marcel Flouret, le nouveau préfet, s’installe.
L’opération est politique :
préfecture de police et préfecture de la Seine sont désormais dirigées par des
hommes nommés par la Délégation générale.
Dans les premières 24
heures de l'insurrection, les actions de guérilla qui éclatent en divers points
de la capitale sont menés par les groupes F.F.I d'arrondissement.
Le 19 août
reste une journée de mobilisation.
Mais l'effet de surprise joue à plein. Les
insurgés s'emparent des dépôts d'armes, prennent à l'ennemi des camions isolés
et s'assurent le contrôle du réseau téléphonique.
AOÛT 1944 : PRESSE CLANDESTINE, PRESSE LIBRE
La presse
collaborationniste cesse de paraître le 18 août.
Les rédacteurs des titres de
la Résistance occupent les locaux qu'on leur a attribués.
Alexandre Parodi
interdit la sortie des journaux et les émissions radio. S'il a accepté le déclenchement de l'insurrection pour préserver l'unité de la Résistance, il
craint l'écrasement des insurgés par les Allemands.
L'occupant, quant à lui,
commence à réagir. Les F.F.I perdent Neuilly et les mairies des Ier et 20e
arrondissements. Les combats s'étendent à la place et au boulevard
Saint-Michel. Dans l'après-midi du 19, les Allemands tentent par deux fois de
reprendre la préfecture. Les insurgés n'ont plus de munitions que pour quatre
ou cinq heures.
Parodi
adresse une proclamation aux Parisiens : "l'ennemi qui hier encore,
refusait de reconnaître notre armée de l'intérieur a demandé une trêve. Que
chacun demeure à son poste et exécute les ordres... Le combat continue, vive le
Général de Gaulle..."
LA TRÊVE
Sans consulter
Rol-Tanguy, Parodi donne l'ordre d'évacuer la préfecture de police, mais le
comité de libération de la police refuse.
C'est à ce moment que Raoul Nordling,
le consul de Suède, s'entretient avec von Choltitz, le gouverneur militaire allemand du GrossParis.
Au soir du 19, une trêve de cinquante minutes est conclue verbalement
pour les abords immédiats de la préfecture; elle est étendue, dans la nuit, à
tous les édifices occupés par la Résistance. Le
20 août en fin de matinée, des tracts annonçant la trêve sont diffusés par des voitures
de la police et de la Feldgendarmerie. Mais la trêve sera peu respectée de part
et d'autre. En effet, l'ensemble de la Résistance est hostile à cette
initiative parce qu'elle risque de briser l'insurrection.
BARRICADES ET COMBATS
Dans la soirée du 21
août, les premières barricades sont édifiées, au carrefour
Saint-Germain-Saint-Michel, dans le secteur entre la Seine et le Luxembourg qui
défend L'île de la Cité.
Le 22 août, Rol fait afficher un ordre pour la défense
de la population parisienne, accompagné d'un appel : "Tous au barricades
!". Le même jour, la presse enfin libre de paraître, diffuse des
instructions pour les construire. Et ce sont près de 600 barricades qui
surgissent un peu partout.
L'objectif du
commandement est de réduire la circulation allemande. Les barricades n'ont pas
pour effet de libérer Paris, mais elles ont un impact psychologique très grand
: les parisiens participent à leur propre libération.
Paris, 21 août 1944
Réquisition émanant des FFI de la région parisienne dans le but de fabriquer des bombes incendiaires
De leur côté, les
autorités se mettent en place.
Le 22 août, Parodi, en tant que ministre délégué
et, à ce titre, président du conseil provisoire, réunit les secrétaires
généraux à l'hôtel Matignon.
Les problèmes du ravitaillement, de la reprise du
travail et du retour à l'ordre sont évoqués.
La bataille fait rage. Les Allemands
ne se hasardent plus guère que sur les grandes artères.
Combats à Paris, rue de Fleurus, août 1944
Au matin du 23, ils
attaquent, avec cinq chars le Grand-Palais où se trouve le commissariat
central du 8e arrondissement. Des obus font exploser les stocks de munissions et déclenchent l'incendie. Les Allemands tailladent les tuyaux que les pompiers
mettent en position. Les F.F.I sont capturés. Les coups de mains pour prendre
des armes à l'ennemi se multiplient, alternant avec des combats plus sévères
près du Louvre, aux Batignolles, dans le 14e, au Gobelins, à la préfecture.
La mairie d'Alfortville reçoit un ordre provenant de la préfecture de police de Paris et daté du 22 août. Il s'agit d'empêcher la circulation des blindés allemands dans Paris et sa proche banlieue, d'ériger des barricades pour les ralentir ou les retenir :
La mairie d'Alfortville reçoit un ordre provenant de la préfecture de police de Paris et daté du 22 août. Il s'agit d'empêcher la circulation des blindés allemands dans Paris et sa proche banlieue, d'ériger des barricades pour les ralentir ou les retenir :
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