15 mars 2014

6 JUIN 1944 : LE DEBARQUEMENT

Overlord : Une machine de guerre conçue par les Anglais


Une fois le débarquement en Afrique du Nord réussi, les autorités américaines ont fait pression sur l’Angleterre pour ouvrir, dés l’automne de 1943, un front en Manche. Washington considérait que cette stratégie était la seule capable de conduire le Reich à la défaite.
Afin de préparer ce futur débarquement sur le rivage de l’Europe occidentale, les Américains ont exigé, au début de l’année 1943, la création d’un état-major chargé d’en élaborer les plans et très habilement, confiaient le commandement de ce braintrust à un général britannique. 

Baptisé < Cossac >, cet état major installé a Londres et dominé par les stratèges britanniques  allait déterminer les futur secteur d’assaut, mettre au point l’opération Fortitude destinée à tromper l’ennemi sur les attentions des Alliés, rassembler grâce à Ultra* Des renseignements relatifs à la Wehrmacht  et imaginer de nouvelles armes secrètes. 

Alors que l’Armée rouge se battait à mort contre la Wehrmacht ,que les Américains produisaient des centaines de milliers de chars ,d’avions, de canons et de péniches d’assaut, les Britanniques, avec leur Premier ministre Winston Churchill et leurs généraux , concevaient ,planifiaient et menaient le déroulement du conflit. 

L’opération de Normandie n’est pas le seul débarquement lancés pas les Alliés au cours de la dernière guerre mondiale.  

Il y a avant la Normandie le couteux désastre de Dieppe en aout 1942, un assaut maladroit sur le littoral de l’Afrique du Nord en novembre 1942, une répétition grandeur nature en juillet 1943 sur les cotés méridionales de Sicile ,plus deux autre exercices d’entrainement sur le rivage de la péninsule d’Italie , à Salerne et à Anzio.


Affiche : "1944. Année de la décision. L'effort suprême reste à faire."

« Les Etats Unis venaient seulement de trouver la cadence des mobilisations et d’entrainement de leurs armées, de leur flotte et de leurs forces aériennes. La grande masse de matériel de combat naval aérien et terrestre, nécessaire pour l’invasion, n’existait pas. Au cours de l’été de 1942,il fallait une foi, pour ne pas dire un optimisme , vraiment considérable, pour attendre avec confiance le jour ou le potentiel  des Etats Unis serait pleinement exploité. Cette foi était exigée de tous les grands généraux. Toute expression de défaitisme constituait une cause immédiate de destitution. Tous les officiers le savaient. »
                                                                                                                    D.D Eisenhower



On peut distinguer dans la longue bataille de Normandie (7 juin-21 aout 1944) trois grandes étapes, chacune coïncidant approximativement avec un mois de l’été de 1944.  
                   
Juin est consacré à la coupure de la péninsule du Cotentin et à la conquête par les américains de la forteresse de Cherbourg.   
                                                                          
Après un long piétinement de ans le bocage comme dans le plaine a l’autre extrémité du front, juillet amène trois bonnes nouvelles : la capture de Saint-Lô, la prise de Caen, l’enfoncement du front et la percée de Avranches.                                                                                    

Rempli de combats meurtriers, le mois d’août verra, après presque quatre-vingt jours de lutte, la fin de la mêlée avec l’encerclement de la 7. Armée allemande, dans la poche de Falaise.


6 juin 1944 : Opération Overlord

 « Nos troupes anti- invasion sont fin prêtes.
Qu’ils viennent donc ! »
                                                                        Goebbels, Journal, 18 avril 1944


« Sous le commandement du général Eisenhower, les forces navales alliées, soutenues par d’importantes forces aériennes, ont commencé ce matin à débarquer les armées alliées sur la côte nord de la France.  »     
        Communiqué officiel n°1 du grand quartier général des forces expéditionnaires alliées  
   

Les débarquements par air


Les assauts lancés par la voie des airs marquent le début de le grande opération. Effectués aux deux extrémités du secteur de débarquement , les parachutages  avaient pour objectif de protéger, sur ses flancs, l’offensive venue par la mer.


BOMBARDEMENTS AERIENS ET NAVALS

 C’est, dès le début du mois d’avril, qu’avait commencé le pilonnage des batteries d’artillerie par la Royal Air Force (RAF) et l’Us Air Force
Dans la nuit du 5 au 6 juin, 2 500 bombardiers devaient déverser près de 8 000 tonnes d’engins explosifs sur les dix batteries les plus importantes de la future zone d’assaut.




Le mur de l'Atlantique est un système défensif linéaire, qui comprend 12000 ouvrages fortifiés environ. 
Avec le béton, les milliers de canons et de mitrailleuses, s'ajoutent des champs de mines sur terre et sur mer, des centaines de milliers d'obstacles plantés sur les plages, des fossés et des murs antichars ainsi que des zones inondées. 


Sangatte, la plus grosse batterie d'artillerie du Mur

Plate-forme circulaire avec canon de moyen calibre chargé de la défense lointaine du rivage



A l’aube, prenant le relais de l’aviation, l’artillerie navale entrait en action. 
Dans cette intention, une flotte de  bombardement composée de croiseurs, de cuirassés, de torpilleurs et de destroyers avait pris position, le matin du 6 juin, en face de la côte. Les plus gros bâtiments étaient placés sur les deux flans du secteur, face aux batteries les plus puissantes. Les tirs commençaient au lever du jours, une demi-heure avant la mise en terre des troupes.

A ce moment, il faisait suffisamment clair pour que des observateurs, placés à bord d’avions tournant au-dessus des positions allemandes, puissent diriger et corriger le feu des grosses pièces navales.

Planeurs britanniques atterris à proximité du pont de Bénouville



LES DEBARQUEMENTS PAR MER  

En raison des variations de la marée, les débarquement par mer devaient s’effectuer avec des décalages, en partant de l’ouest (Utah) vers l’est (Sword). 





La mission confiée à la 4e division d’infanterie (DI) US (général Barton) était de constituer une tête de pont sur la côte oriental du Cotentin (Utah Beach), de faire la jonction avec les unités aéroportées et avec celles débarquées à Omaha
Ensuite, l’objectif était d’isoler la péninsule du Cotentin du reste de la France, de s’emparer du port de Cherbourg et de percer vers le sud. Sur Utah, l’assaut se déroulait comme prévu et, le soir du Jour J, la base territoriale conquise était solide et les pertes légères. Cependant, malgré une résistance ennemie plutôt faible, à minuit, la division n’avait pas atteint tous ses objectifs.


Passage des soldats des navires de transport de troupes 
dans les chalands de débarquement à l'aide de filets


La tâche confiée à la 1re DI  US (général Huebner) était d’établir une tête de pont baptisée Omaha entre la Vire et Port-en-Bessin, de se diriger ensuite vers le sud en direction de Saint-Lô , tout en s’étalant pour   établir la jonction avec les plages voisines de Utah et de Gold.


Flotte d'assaut au large d'Utah




OMAHA

L’assaut sur Omaha devait rencontrer de multiples difficultés et frôler de très près le désastre. C’est seulement à la fin de la matinée, grâce à l’arrivée de nouveaux renforts et à un ultime sursaut de bravoure, que les Américains prenaient définitivement pied sur la plage et s’y maintenaient. 
Dans l’après-midi, alors que faiblissait la résistance allemande faute de réserves suffisantes, les assaillants réussissaient à percer la ligne des défenses côtières et à s’emparer du village de Vierville. Pendant ce temps, le génie débarrassait la plage des obstacles, comblait les fossés et aménageait des sorties vers l’arrière-pays. 
Au prix de pertes effroyables, les Américains avaient fini par remporter la partie.


Barge de débarquement approchant de la plage d'Omaha



LA POINTE DU HOC

Mener à bien l’assaut sur Gold  était la tâche de la 50e division britannique (générale Graham). Sa mission consistait à conquérir une vaste tête de pont destinée à mettre à l’abri des tir d’artillerie allemande le futur port artificiel d’Arromanche, puis à assurer sa jonction avec les canadiens de Juno. 


Bombardement aérien de la pointe du Hoc

Malgré une farouche résistance des emplacements fortifiés du Hamel et de La Rivière, les assaillants parvenaient à occuper les collines surplombant  le futur milberry d’Arromanches ainsi que les hauteurs de Port-en-Bessin. Dans ce port, situé au cœur du secteur d’assaut , le commandement allié avait décidé d’installer un terminal pétrolier destiné au ravitaillement de l’ensemble des forces du corps  expéditionnaire. 
Le soir du 6 juin, la 50e DI, solidement implantée sur le continent, avait réussi à établir la jonction avec les Canadiens de juno

JUNO

A la 3è DI canadienne revenait la mission de s'emparer des défenses côtières du secteur de Courseulles-Bernières, puis de s'enfoncer dans l'arrière-pays en direction de la RN 13 et de l'aérodrome de Carpiquet tout en se déployant pour faire la liaison avec les Britanniques de GOLD à l'ouest et de SWORD à l'est. 


le débarquement sur Juno Beach


La défense allemande a empêché la progression prévue, et seule la jonction avec les Britanniques de Gold était faite la soir, et cette position allait rester la même durant un mois. 

SWORD

La 3è DI britannique devait s'emparer de la ville de Caen, tout en effectuant la jonction avec la 6è division aéroportée parachutée à l'est de l'Orne et avec la 3è division canadienne débarquée sur sa droite. 


Vue aérienne de l'assaut sur Sword Beach (secteur de la Brêche d'Hermanville)

Après la libération d'Ouistreham, menée avec l'appui du commando franco-britannique Kieffer, les Allemands empêchaient la division d'avancer, avec la vingtaine d'ouvrages fortifiés qui leur permettaient d'organiser une défense solide et de bloquer pendant un mois l'avancée des alliés. 

JUIN 1944 : LA CONQUÊTE D’UN PORT

« Nous savions que, même après la prise de Cherbourg, les installations de ce port ne seraient pas suffisantes pour le trafic dont nous avions besoin. Pour résoudre ce problème nous conçûmes un projet tellement nouveau qu’il fut qualifié de complètement chimérique par les septiques. Il s’agissait de construire des ports artificiels sur la cote de Normandie. »

D.D.Eisenhower, Croisade en Europe


La stratégie de Montgomery

« Après avoir pris pied solidement en Normandie, mon dessein était de menacer le front oriental d’une percée, c’est-à-dire dans le secteur de Caen. En exerçant cette menace, j’avais l’intention d’attirer dans ce secteur les principales réserves ennemies, notamment ses divisions blindées et les y maintenir, utilisant dans ce but les forces britanniques et canadiennes. »

B.L. Montgomery


Montgomery, commandant en chef des forces terrestres dans Overlord 
et Leigh-Mallory, commandant des forces aériennes



Au soir du jour J, les Alliés avaient pris pied sur le continent. 

Le brutal et sanglant rejet à la mer promis par la propagande allemande ne s'était pas produit. Il fallait consolider la tête de pont, conquérir ou installer des aérodromes, procéder au montage des mulberries, capturer des ports continentaux, assurer le ravitaillement en pétrole, amener des conforts, évacuer les blessés et les prisonniers et, surtout, faire face à la contre-attaque des Allemands sur mer, dans les airs et sur terre attendue J+3 ou J+4.

Elaboré par Montgomery, chef des forces armées terrestres américaines et britanniques dans Overlord, le plan de bataille en Normandie est tout à fait classique. 

Aux forces britanniques, situées dans la partie orientale de la tête de pont, était confiée la tâche d'attirer les divisions blindées allemandes. 
Dans cette attention, les troupes de Montgomery devaient, dès le lendemain du jour J, entamer une poussée en direction de Caen et ainsi faire croire à l'adversaire que l'objectif premier des Alliées était de franchir l'Orne de se diriger vers Paris et, au-delà, vers le Reich. 

Entretenir une pression permanente, faire penser une menace constante de percée de telle sorte que l'ennemi rassemble autour de la capitale bas-normande l'essentiel de ses moyens de combat, telle était la mission confiée aux Britanniques.




Fondée sur le principe du maintien de la division des forces allemandes, le plan de Montgomery prévoyait que lorsqu'un des Alliés engageait une offensive, l'autre, qui se trouvait à l'opposé du front, déclenchait simultanément une opération, de façon à éviter un transfert des troupes ennemies d'une aile à l'autre. 




Ainsi, lors de la poussée américaine sur Cherbourg (18-26 juin), les Britanniques lancèrent, au sud de Caen, l'opération Epsom. 

Plus tard, pour soulager les Américains lors de leur offensive sur Saint-Lô, Monty, lançait dans son secteur l'opération Charnwood (libération de Caen). Enfin, dernier exemple, pour faciliter la percée américaine dans le Cotentin (opération Cobra, 25 juillet), les Britanniques s'efforçaient de fixer les divisions blindées allemandes entre Caen et Falaise en engageant les offensives Goodwood et Spring (18-25 juillet). 


LA CRÉATION D'UN PORT

"Nous savions que, même après la prose de Cherbourg, les installations de ce port ne seraient pas suffisantes pour le trafic dont nous avions besoin. Pour résoudre ce problème, nous conçûmes un projet tellement nouveau qu'il fût qualifié de complètement chimérique par les sceptiques. Il s'agissait de construire des ports artificiels sur la côte de Normandie."
D.D. Eisenhower, Croisade en Europe.



Vue aérienne du port artificiel d'Arromanches.
On distingue les chaussées flottantes, les quais sur pieux et la digue au large composée de vieux bateaux et de caissons en béton. 


Voici des documents très intéressants que nous avons découvert dans la revue Armées d'Aujourd'hui, numéro 291 de juin 2004, consacré aux débarquements et libérations de 1944 2004 : 

Tout d'abord la préparation du débarquement, dans la nuit du 5 juin 1944 : 




Le 6 juin 1944 : 


en détails avec le problème du mur de l'Atlantique, construit par l'organisation TODT, afin de contrer un éventuel débarquement des alliés : 



LA CONSOLIDATION DE LA TÊTE DE PONT

Bayeux                                                                                                                                                                    "Je viens de parcourir une trentaine de kilomètres à travers la France libérée avant d'atteindre la grande rue de Bayeux. La ville entière est pavoisée. Les habitants jettent des fleurs dans les mains de nos soldats, mais maintenant ils s'occupent surtout des traîtres qui ont collaborés avec l'Allemagne. [...] Ainsi se défend la France [...] elle se défend en manifestant sa joie de nous voir, et surtout en laissant exploser quatre années de haine contenue, de haine envers les Allemands et leurs complices."                                                                                                  
Un journaliste Britannique 


Le 7 juin, les Britanniques débarqués sur Gold entraient dans Bayeux et poursuivaient leur progression à l'intérieur des terres tout en cherchant à entrer en contact avec les Américains débarqués sur Omaha. 


Soldats britanniques près de la cathédrale de Bayeux


De leur côté, les Américains d'Omaha, tout en cherchant à prendre contact avec les troupes débarqués sur leur droite Utah, lançaient des opérations de reconnaissance en direction de Port-en-Bessin pour rejoindre les Britanniques. 

La jonction s'effectuera quelques heures après la capture de Port-en-Bessin par le 47e commando des Royales Marines. Ainsi, le 8 juin, les Alliés disposaient, sur le rivage du Calvados, d'une bande continue de littoral longue d'une soixantaine de kilomètres, s'étendant de l'estuaire de l'orne à celui de la Vire. 

Inaugurant une série de visite, Churchill débarquait à Courseulles, le 12 juin et, deux jours plus tard, c'était autour du Général de Gaulle de poser le pied sur le rivage français et de prononcer un discours à Bayeux.

Après de durs combats, Montebourg tombait le 19 juin, puis Valognes, en ruine, deux jours plus tard, Cherbourg n'était plus qu'à une vingtaine de kilomètres. C'était à ce moment que les forces américaines mettaient la main sur plusieurs dizaines de sites de lancement pour armes secrètes (V1 et V2).


Valognes, après les bombardements américains.



Valognes                                                                                                                                                "Les maisons disparaissaient soudain et ce n'est plus qu'un entassement de pierres. Ce ne sont pas des maisons détruites, c'est un effondrement total. Rien a résisté aux bombes. Plus rien n'est debout ..."                                                                                                                                                                               Jacques Kayser, un journaliste sur le front de Normandie                   

EN FRANCE

Le débarquement mobilise la résistance intérieure.
De nombreux sabotages sont réalisés sur les lignes téléphoniques, les routes, les voies ferrées afin de gêner les communications allemandes.
De Gaulle lance le 6 juin au soir un appel à une véritable mobilisation nationale :

"C'est la bataille de France et c'est la bataille de la France !
Pour les fils de France où qu'ils soient, le devoir simple et sacré est de combattre l'ennemi par tous les moyens dont ils disposent."

Août 1944
Tract FFI
Coll MRN Champigny


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