Overlord : Une machine de guerre
conçue par les Anglais
Une fois le
débarquement en Afrique du Nord réussi, les autorités américaines ont fait pression
sur l’Angleterre pour ouvrir, dés l’automne de 1943, un front en Manche.
Washington considérait que cette stratégie était la seule capable de conduire
le Reich à la défaite.
Afin de préparer
ce futur débarquement sur le rivage de l’Europe occidentale, les Américains ont
exigé, au début de l’année 1943, la création d’un état-major chargé d’en
élaborer les plans et très habilement, confiaient le commandement de ce braintrust à un général britannique.
Baptisé < Cossac >, cet état major installé a Londres et dominé par les
stratèges britanniques allait déterminer les futur secteur d’assaut, mettre au point l’opération Fortitude destinée à tromper l’ennemi sur les attentions des
Alliés, rassembler grâce à Ultra* Des
renseignements relatifs à la Wehrmacht et imaginer de nouvelles armes secrètes.
Alors que l’Armée rouge se battait à mort contre la Wehrmacht ,que les Américains produisaient des centaines de
milliers de chars ,d’avions, de canons et de péniches d’assaut, les Britanniques,
avec leur Premier ministre Winston Churchill et leurs généraux , concevaient
,planifiaient et menaient le déroulement du conflit.
L’opération de Normandie
n’est pas le seul débarquement lancés pas les Alliés au cours de la dernière
guerre mondiale.
Il y a avant la
Normandie le couteux désastre de Dieppe en aout 1942, un assaut maladroit sur
le littoral de l’Afrique du Nord en novembre 1942, une répétition grandeur
nature en juillet 1943 sur les cotés méridionales de Sicile ,plus deux autre
exercices d’entrainement sur le rivage de la péninsule d’Italie , à Salerne et
à Anzio.
Affiche : "1944. Année de la décision. L'effort suprême reste à faire."
« Les
Etats
Unis venaient seulement de trouver la cadence des mobilisations et
d’entrainement de leurs armées, de leur flotte et de leurs forces aériennes. La
grande masse de matériel de combat naval aérien et terrestre, nécessaire pour
l’invasion, n’existait pas. Au cours de l’été de 1942,il fallait une foi, pour
ne pas dire un optimisme , vraiment considérable, pour attendre avec confiance
le jour ou le potentiel des Etats Unis
serait pleinement exploité. Cette foi était exigée de tous les grands généraux.
Toute expression de défaitisme constituait une cause immédiate de destitution.
Tous les officiers le savaient. »
D.D Eisenhower
On peut distinguer dans la longue bataille de
Normandie (7 juin-21 aout 1944) trois grandes étapes, chacune coïncidant
approximativement avec un mois de l’été de 1944.
Juin est consacré à la coupure
de la péninsule du Cotentin et à la conquête par les américains de la
forteresse de Cherbourg.
Après
un long piétinement de ans le bocage comme dans le plaine a l’autre extrémité
du front, juillet amène trois bonnes nouvelles : la capture de Saint-Lô,
la prise de Caen, l’enfoncement du front et la percée de Avranches.
Rempli de combats meurtriers, le mois d’août verra, après presque quatre-vingt
jours de lutte, la fin de la mêlée avec l’encerclement de la 7. Armée
allemande, dans la poche de Falaise.
6 juin 1944 : Opération Overlord
« Nos troupes anti- invasion sont fin
prêtes.
Qu’ils viennent
donc ! »
Goebbels, Journal, 18 avril 1944
« Sous le
commandement du général Eisenhower, les forces navales alliées, soutenues par
d’importantes forces aériennes, ont commencé ce matin à débarquer les armées
alliées sur la côte nord de la France. »
Communiqué
officiel n°1 du grand quartier général des forces expéditionnaires alliées
Les débarquements par
air
Les assauts lancés par
la voie des airs marquent le début de le grande opération. Effectués aux deux
extrémités du secteur de débarquement , les parachutages avaient pour objectif de protéger, sur ses
flancs, l’offensive venue par la mer.
BOMBARDEMENTS AERIENS ET NAVALS
C’est, dès le début du mois
d’avril, qu’avait commencé le pilonnage des batteries d’artillerie par la
Royal Air Force (RAF) et l’Us Air Force.
Dans la nuit du 5 au 6 juin, 2 500 bombardiers
devaient déverser près de 8 000 tonnes d’engins explosifs sur les dix
batteries les plus importantes de la future zone d’assaut.
Le mur de l'Atlantique est un système défensif linéaire, qui comprend 12000 ouvrages fortifiés environ.
Avec le béton, les milliers de canons et de mitrailleuses, s'ajoutent des champs de mines sur terre et sur mer, des centaines de milliers d'obstacles plantés sur les plages, des fossés et des murs antichars ainsi que des zones inondées.
Sangatte, la plus grosse batterie d'artillerie du Mur
Plate-forme circulaire avec canon de moyen calibre chargé de la défense lointaine du rivage
A l’aube, prenant le relais de
l’aviation, l’artillerie navale entrait en action.
Dans cette intention, une
flotte de bombardement composée de croiseurs, de cuirassés, de
torpilleurs et de destroyers avait pris position, le matin du 6 juin, en face
de la côte. Les plus gros bâtiments étaient placés sur les deux flans du
secteur, face aux batteries les plus puissantes. Les tirs commençaient au lever
du jours, une demi-heure avant la mise en terre des troupes.
A ce moment, il faisait
suffisamment clair pour que des observateurs, placés à bord d’avions tournant
au-dessus des positions allemandes, puissent diriger et corriger le feu des
grosses pièces navales.
LES DEBARQUEMENTS PAR MER
En raison des variations de la
marée, les débarquement par mer devaient s’effectuer avec des décalages, en
partant de l’ouest (Utah) vers l’est
(Sword).
La mission confiée à la 4e
division d’infanterie (DI) US (général Barton) était de constituer une tête de
pont sur la côte oriental du Cotentin (Utah
Beach), de faire la jonction avec les unités aéroportées et avec celles
débarquées à Omaha.
Ensuite,
l’objectif était d’isoler la péninsule du Cotentin du reste de la France , de s’emparer du
port de Cherbourg et de percer vers le sud. Sur Utah, l’assaut se déroulait comme prévu et, le soir du Jour J, la
base territoriale conquise était solide et les pertes légères. Cependant,
malgré une résistance ennemie plutôt faible, à minuit, la division n’avait pas
atteint tous ses objectifs.
Passage des soldats des navires de transport de troupes
dans les chalands de débarquement à l'aide de filets
La tâche confiée à la 1re
DI US (général Huebner) était d’établir
une tête de pont baptisée Omaha entre
la Vire et
Port-en-Bessin, de se diriger ensuite vers le sud en direction de
Saint-Lô , tout en s’étalant pour établir
la jonction avec les plages voisines de Utah
et de Gold.
Flotte d'assaut au large d'Utah
OMAHA
L’assaut sur Omaha devait rencontrer de multiples difficultés et frôler de très près le désastre. C’est seulement
à la fin de la matinée, grâce à l’arrivée de nouveaux renforts et à un ultime
sursaut de bravoure, que les Américains prenaient définitivement pied sur la
plage et s’y maintenaient.
Dans l’après-midi, alors que faiblissait la
résistance allemande faute de réserves suffisantes, les assaillants
réussissaient à percer la ligne des défenses côtières et à s’emparer du village
de Vierville. Pendant ce temps, le génie débarrassait la plage des obstacles,
comblait les fossés et aménageait des sorties vers l’arrière-pays.
Au prix de
pertes effroyables, les Américains avaient fini par remporter la partie.
Barge de débarquement approchant de la plage d'Omaha
Mener à bien l’assaut sur Gold était la tâche de la 50e division
britannique (générale Graham). Sa mission consistait à conquérir une vaste tête
de pont destinée à mettre à l’abri des tir d’artillerie allemande le futur port
artificiel d’Arromanche, puis à assurer sa jonction avec les canadiens de Juno.
Malgré une farouche résistance des
emplacements fortifiés du Hamel et de La Rivière , les assaillants parvenaient à occuper
les collines surplombant le futur milberry d’Arromanches ainsi que les hauteurs
de Port-en-Bessin. Dans ce port, situé au cœur du secteur d’assaut , le
commandement allié avait décidé d’installer un terminal pétrolier destiné au
ravitaillement de l’ensemble des forces du corps expéditionnaire.
Le soir du 6 juin, la 50e
DI, solidement implantée sur le continent, avait réussi à établir la jonction
avec les Canadiens de juno.
JUNO
A la 3è DI canadienne revenait la mission de s'emparer des défenses côtières du secteur de Courseulles-Bernières, puis de s'enfoncer dans l'arrière-pays en direction de la RN 13 et de l'aérodrome de Carpiquet tout en se déployant pour faire la liaison avec les Britanniques de GOLD à l'ouest et de SWORD à l'est.
le débarquement sur Juno Beach
La défense allemande a empêché la progression prévue, et seule la jonction avec les Britanniques de Gold était faite la soir, et cette position allait rester la même durant un mois.
SWORD
La 3è DI britannique devait s'emparer de la ville de Caen, tout en effectuant la jonction avec la 6è division aéroportée parachutée à l'est de l'Orne et avec la 3è division canadienne débarquée sur sa droite.
Après la libération d'Ouistreham, menée avec l'appui du commando franco-britannique Kieffer, les Allemands empêchaient la division d'avancer, avec la vingtaine d'ouvrages fortifiés qui leur permettaient d'organiser une défense solide et de bloquer pendant un mois l'avancée des alliés.
JUIN 1944 : LA CONQUÊTE D’UN PORT
« Nous savions que, même après la
prise de Cherbourg, les installations de ce port ne seraient pas suffisantes
pour le trafic dont nous avions besoin. Pour résoudre ce problème nous conçûmes
un projet tellement nouveau qu’il fut qualifié de complètement chimérique par
les septiques. Il s’agissait de construire des ports artificiels sur la cote de
Normandie. »
D.D.Eisenhower, Croisade en Europe
La stratégie de Montgomery
« Après avoir pris pied solidement
en Normandie, mon dessein était de menacer le front oriental d’une percée,
c’est-à-dire dans le secteur de Caen. En exerçant cette menace, j’avais
l’intention d’attirer dans ce secteur les principales réserves ennemies,
notamment ses divisions blindées et les y maintenir, utilisant dans ce but les
forces britanniques et canadiennes. »
B.L. Montgomery
Montgomery, commandant en chef des forces terrestres dans Overlord
et Leigh-Mallory, commandant des forces aériennes
Au soir du jour J, les Alliés avaient pris pied sur
le continent.
Le brutal et sanglant rejet à la mer promis par la propagande
allemande ne s'était pas produit. Il fallait consolider la tête de pont,
conquérir ou installer des aérodromes, procéder au montage des mulberries, capturer des ports
continentaux, assurer le ravitaillement en pétrole, amener des conforts,
évacuer les blessés et les prisonniers et, surtout, faire face à la
contre-attaque des Allemands sur mer, dans les airs et sur terre attendue J+3
ou J+4.
Elaboré par Montgomery, chef des forces armées
terrestres américaines et britanniques dans Overlord,
le plan de bataille en Normandie est tout à fait classique.
Aux forces
britanniques, situées dans la partie orientale de la tête de pont, était confiée
la tâche d'attirer les divisions blindées allemandes.
Dans cette attention, les
troupes de Montgomery devaient, dès le lendemain du jour J, entamer une poussée
en direction de Caen et ainsi faire croire à l'adversaire que l'objectif
premier des Alliées était de franchir l'Orne de se diriger vers Paris et,
au-delà, vers le Reich.
Entretenir une pression permanente, faire penser une
menace constante de percée de telle sorte que l'ennemi rassemble autour de la
capitale bas-normande l'essentiel de ses moyens de combat, telle était la
mission confiée aux Britanniques.
Fondée sur le principe du maintien de la division
des forces allemandes, le plan de Montgomery prévoyait que lorsqu'un des Alliés
engageait une offensive, l'autre, qui se trouvait à l'opposé du front, déclenchait
simultanément une opération, de façon à éviter un transfert des troupes
ennemies d'une aile à l'autre.
Ainsi, lors de la poussée américaine sur
Cherbourg (18-26 juin), les Britanniques lancèrent, au sud de Caen, l'opération
Epsom.
Plus tard, pour soulager les Américains lors de leur offensive sur
Saint-Lô, Monty, lançait dans son secteur l'opération Charnwood (libération de
Caen). Enfin, dernier exemple, pour faciliter la percée américaine dans le
Cotentin (opération Cobra, 25 juillet), les Britanniques s'efforçaient de fixer
les divisions blindées allemandes entre Caen et Falaise en engageant les
offensives Goodwood et Spring (18-25 juillet).
LA CRÉATION D'UN PORT
"Nous savions que, même après la prose de Cherbourg, les installations de ce port ne seraient pas suffisantes pour le trafic dont nous avions besoin. Pour résoudre ce problème, nous conçûmes un projet tellement nouveau qu'il fût qualifié de complètement chimérique par les sceptiques. Il s'agissait de construire des ports artificiels sur la côte de Normandie."
LA CRÉATION D'UN PORT
"Nous savions que, même après la prose de Cherbourg, les installations de ce port ne seraient pas suffisantes pour le trafic dont nous avions besoin. Pour résoudre ce problème, nous conçûmes un projet tellement nouveau qu'il fût qualifié de complètement chimérique par les sceptiques. Il s'agissait de construire des ports artificiels sur la côte de Normandie."
D.D. Eisenhower, Croisade en Europe.
Vue aérienne du port artificiel d'Arromanches.
On distingue les chaussées flottantes, les quais sur pieux et la digue au large composée de vieux bateaux et de caissons en béton.
Voici des documents très intéressants que nous avons découvert dans la revue Armées d'Aujourd'hui, numéro 291 de juin 2004, consacré aux débarquements et libérations de 1944 2004 :
Tout d'abord la préparation du débarquement, dans la nuit du 5 juin 1944 :
Le 6 juin 1944 :
en détails avec le problème du mur de l'Atlantique, construit par l'organisation TODT, afin de contrer un éventuel débarquement des alliés :
LA CONSOLIDATION DE LA TÊTE DE PONT
Bayeux
"Je viens de parcourir une
trentaine de kilomètres à travers la France libérée avant d'atteindre la grande
rue de Bayeux. La ville entière est pavoisée. Les habitants jettent des fleurs
dans les mains de nos soldats, mais maintenant ils s'occupent surtout des
traîtres qui ont collaborés avec l'Allemagne. [...] Ainsi se défend la France
[...] elle se défend en manifestant sa joie de nous voir, et surtout en
laissant exploser quatre années de haine contenue, de haine envers les
Allemands et leurs complices."
Un journaliste Britannique
Le 7 juin, les Britanniques débarqués sur Gold
entraient dans Bayeux et poursuivaient leur progression à l'intérieur des
terres tout en cherchant à entrer en contact avec les Américains débarqués sur
Omaha.
Soldats britanniques près de la cathédrale de Bayeux
De leur côté, les Américains d'Omaha, tout en cherchant à prendre
contact avec les troupes débarqués sur leur droite Utah, lançaient des
opérations de reconnaissance en direction de Port-en-Bessin pour rejoindre les
Britanniques.
La jonction s'effectuera quelques heures après la capture de
Port-en-Bessin par le 47e commando des Royales Marines. Ainsi, le 8 juin, les
Alliés disposaient, sur le rivage du Calvados, d'une bande continue de littoral
longue d'une soixantaine de kilomètres, s'étendant de l'estuaire de l'orne à celui
de la Vire.
Inaugurant une série de visite, Churchill débarquait à Courseulles,
le 12 juin et, deux jours plus tard, c'était autour du Général de Gaulle de
poser le pied sur le rivage français et de prononcer un discours à Bayeux.
Après de durs combats, Montebourg tombait le 19
juin, puis Valognes, en ruine, deux jours plus tard, Cherbourg n'était plus
qu'à une vingtaine de kilomètres. C'était à ce moment que les forces
américaines mettaient la main sur plusieurs dizaines de sites de lancement pour
armes secrètes (V1 et V2).
Valognes, après les bombardements américains.
Valognes "Les
maisons disparaissaient soudain et ce n'est plus qu'un entassement de pierres.
Ce ne sont pas des maisons détruites, c'est un effondrement total. Rien a
résisté aux bombes. Plus rien n'est debout ..."
Jacques Kayser, un journaliste sur
le front de Normandie
EN FRANCE
Le débarquement mobilise la résistance intérieure.
De nombreux sabotages sont réalisés sur les lignes téléphoniques, les routes, les voies ferrées afin de gêner les communications allemandes.
De Gaulle lance le 6 juin au soir un appel à une véritable mobilisation nationale :
"C'est la bataille de France et c'est la bataille de la France !
Pour les fils de France où qu'ils soient, le devoir simple et sacré est de combattre l'ennemi par tous les moyens dont ils disposent."
Août 1944
Tract FFI
Coll MRN Champigny
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