15 mars 2014

PORTRAIT D'UN RESISTANT DES FFI


François Tranchessec était marié, vivait à Alfortville, au 72 rue Véron, deuxième étage, et avait fondé une famille composée de 4 enfants au moment de l'occupation. D'autres enfants naîtront après la guerre. 

Son fils ainé, François également, né le 10 07 1939 au 72 rue Véron à Alfortville où il a vécu toute son enfance. nous raconte : 

"Nous avons été élevés dans une famille de militants communistes.
Nous participions régulièrement à la fête de l'Humanité et mon père était secrétaire de la cellule Guy Moquet du parti communiste d'Alfortville, située au 72 de la rue Véron.
Cette cellule était très active. 

François et des amis communistes, la plupart anciens résistants, 
devant la cellule Guy Moquet, après la guerre


Les militants accrochaient des banderoles sur la devanture, des drapeaux flottaient au-dessus, et ils plaçaient des grandes pancartes d'hommes politiques français avec des extraits de leurs discours sur le trottoir.

La cellule de la rue Véron décorée

Mon père exerçait le métier de chauffeur de camion poubelle pour la Compagnie Générale d'Entreprise Automobile de la ville de Paris.
Il était, avec ses collègues, militant communiste. 
En 1936, le voilà qui pose devant son entreprise lors des grandes grèves :



Les enfants de notre famille et nos voisins adhéraient à des mouvements de jeunesse appelés Vaillant. C'étaient en quelque sorte comme les scouts sauf que nous étions laïcs. Il s'agissait surtout d'actions de solidarité pour les enfants et les jeunes. Nous distribuions les journaux, par exemple.

Le groupe des filles "vaillantes", avec mes sœurs Alice, Arlette, et les jumelles Josiane et Jocelyne

Le groupe des garçons, avec François fils devant

J'étais scolarisé à l'école Octobre, toute récente. C'était l'école des ouvriers, de la "basse classe", du 108. L'école Barbusse, elle, était plus "prestigieuse".

 Mon père s'appelait François Tranchessec. Il était chef d'ilot, c’est-à-dire qu'il surveillait notre quartier, et avait un sifflet qui lui permettait d'avertir en cas de bombardement ou de menaces provenant des allemands.

Il organisait des réunion de secteur dans notre salle à manger du 72 de la rue Véron. Dans cette pièce, des tableaux de communistes comme Marcel Cachin ou Maurice Thorez étaient accrochés au mur.

Ma mère et lui avaient fixé des couvertures aux fenêtres, car il ne fallait absolument pas que de l'extérieur on puisse voir de la lumière provenant de chez nous, surtout une fois que le couvre-feu était commencé. On aurait pu nous dénoncer aux allemands, à la Milice, et venir nous arrêter.
Mon père recevait ses compagnons en cachette, ils passaient par les jardins et se faufilaient le plus discrètement possible jusqu'à notre appartement.

On avait un poste de radio, qui n'avait pas été confisqué. 
Mon père écoutait la BBC, il appelait ce poste "l'œil de Moscou", car il pouvait avoir des renseignements provenant de l'Angleterre, et être informé de la réalité des choses, parce qu'à Alfortville les services de propagande diffusaient de fausses informations. En tant que chef d'ilot, il devait s'informer.

Quand on entendait les avions, les consignes étaient de vite descendre dans la cave pour se protéger, mais mon père ne voulait pas y aller, car il craignait d'être enseveli sous les décombres. Je restais donc seul avec lui dans le jardin, en attendant que les avions repartent.

Je ne peux pas dire ce qu'il se racontait lors de ces réunions, mais je voyais les hommes venir, car je me cachais derrière la porte dans le couloir avec ma sœur Alice. Quand mon père se rendait compte de notre présence, il nous demandait de filer au lit.

C'était quelqu'un de très discret, qui n'a jamais voulu de reconnaissance, ni que l'on parle de ce qu'il avait fait. Il l'a fait pour l'honneur et pour défendre ses convictions.

Je sais qu'ils parlaient des actions et des sabotages que les résistants pouvaient organiser aux alentours, notamment au fort de Charenton. "


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