LES CONDITIONS DE LA LIBÉRATION
Pour le chef de la France combattante, il est
essentiel que les armes de la France agissent à Paris avant celles des Alliés,
que le peuple contribue à la défaite de l’envahisseur, et que la libération de
la capitale porte la marque d’une opération militaire et nationale.
L’insurrection est politiquement nécessaire pour maintenir l’unité de la
résistance et une administration nouvelle
doit être en place avant l’arrivée des Alliés.
Le 3 juin 1944, le Comité
français de Libération nationale (CFLN), dirigé par le général de Gaulle, se
transforme en Gouvernement provisoire de la République française (GPRF),
pleinement reconnu par la Résistance intérieure.
Les mouvements de
résistance et le chef de la France combattante
s’accordent sur la nécessité de l’insurrection, à condition qu’elle se déroule
dans l’ordre et qu’ils en restent maîtres.
LA PRÉPARATION POLITIQUE
Grâce
à la fusion de divers mouvements, la Résistance intérieure a gagné en autorité.
Les Parisiens la connaissent surtout par la presse clandestine qui s’imprime en
majorité à Paris depuis 1944 et compte une bonne centaine de journaux.
A
l’intérieur et à l’extérieur de la France, la Résistance s’est structurée et
tout est prévu pour qu’elle prenne une option sur le pouvoir.
A
Alger, le GPRF dispose du pouvoir exécutif et l’Assemblée consultative
provisoire, née le 3 novembre 1943, du pouvoir législatif.
L’Assemblée Consultative Provisoire a été instituée par l’ordonnance du 17 septembre 1943, prise par le Comité français de la Libération nationale siégeant à Alger, présidé par le Général de Gaulle.
A
Paris, le Gouvernement provisoire est représenté par un délégué général,
Alexandre Parodi.
La Délégation comprend diverses commissions, chargées des
questions économiques, du ravitaillement, de la mise en place des comités de
libération, de la nomination des préfets et des secrétaires généraux.
Alexandre
Parodi dirige tous ces services, mais n’a pas d’autorité directe sur les divers
groupements de Résistance.
Pour renforcer ses pouvoirs et pour contrôler
l’insurrection, le général de Gaulle lui attribue, le 14 août, le rang de
Ministre délégué dans les territoires non encore libérés.
Georges
Bidault, qui a succédé à Jean Moulin à la présidence du Conseil de la
Résistance (CNR), est bien le chef de la Résistance.
Le bureau du CNR comprend,
outre Georges Bidault, Louis Saillant (CGT), Pierre Villon (Front national),
Pascal Copeau (MUR) et Maxime Blocq-Mascart (OCM).
Le
Comité parisien de la libération (CPL), quant à lui, comprend 19 membres
représentant partis politique, syndicats et organisations de la Résistance.
En
pratique, son bureau de six membres, comprenant Rigal puis Marrane (PC),
Hamon (CDLR), Carrel (Front national), Marie-Hélène Lefaucheux (OCM), Deniau
(Libération-nord) et Tollet (CGT), dirige la Résistance parisienne jusqu’à la
libération et prépare l’insurrection en liaison avec le CNR et la Délégation
générale.
Comité Parisien de libération, Paris, 1944
Animé par les représentants des organisations ouvrières et
communistes, le CPL dirige certains groupes armés et les milices patriotiques,
créées le 15 mars 1944 par le CNR. Celles-ci s’apparentent à une sorte de
police populaire au service des comités locaux de libération.
En
liaison étroite avec l’état-major local des FFI, le bureau du CPL prépare les
mesures à prendre le jour du soulèvement pour coordonner action militaire et
mouvement insurrectionnel.
Ses appels à la population pour participer aux
manifestations et aux grèves jouent un rôle important et entretiennent un
climat propice à la combativité des Parisiens. Ils suscitent aussi le
développement des sabotages après le débarquement allié le 6 juin 1944.
LA PRÉPARATION MILITAIRE
Le
général Jacques Chaban-Delmas, délégué militaire national, est le responsable militaire du GPRF, placé sous l’autorité du général Koenig, commandant en chef
des FFI. Il est chargé de subordonner toute l’action militaire de la Résistance
au général Koenig, resté à Londres.
Général Chaban Delmas
Alfred Malleret-Joinville est le chef d'état-major FFI du Comité d'Action Militaire, qui commande les FFI jusqu'au débarquement.
Le
colonel Henri Rol-Tanguy, chef des FFI de la région parisienne, exerce
véritablement le commandement des insurgés. Il dispose d’un adjoint pour le
département de la Seine, le colonel de Marguerittes, dit Lizé, officier
confirmé.
Pour
affirmer la souveraineté française, de Gaulle doit entrer dans Paris.
L’unité
chargée de cette mission est la 2è Division blindée française (2èDB).
Son
commandant, le général Leclerc, compagnon de la première heure du général de
Gaulle, est l’un des chefs les plus illustres de la France libre.
général Leclerc
Il est chargé
par de Gaulle de mettre sur pied la 2èDB, équipée par les Américains.
Elle est
constituée de Français libres auxquels se sont joints des hommes et des femmes
de tous horizons et de toutes convictions politiques et religieuses (armée
d’Afrique du nord, républicains espagnols, évadés de France par l’Espagne,
sud-américains, soldats des colonies...).
Leclerc disait « la constitution
de la 2è DB fut ma plus belle victoire ». Elle est le symbole de cette
union retrouvée que de Gaulle souhaitait instaurer en France sous son autorité.
Leclerc
a été informé des intentions du général de Gaulle concernant la capitale dès le
mois de décembre 1943 : un ordre écrit du chef de la France combattante,
que lui remet le capitaine de Boissieu, membre de l’Etat-major de la Division,
le nomme, en effet, gouverneur militaire de Paris par intérim.
De plus, le
général Eisenhower, commandant en chef allié, a promis au général de Gaulle que
les Français seraient les premiers à entrer dans Paris.
Fin
avril-début mai 1944, la 2è DB est donc transférée du Maroc en Angleterre, afin
de parfaire son instruction.
Elle est placée sous les ordres de la 3è armée américaine du général Patton, à
laquelle elle est rattachée. Fin juillet, au moment où la percée du front
allemand en Normandie devient prévisible, elle est acheminée vers le sud de
Southampton. Elle atteint la plage d’Utah Beach, près de
Saint-Martin-de-Varreville dans le département de la Manche, le 1er
août 1944.
Tout
ceci confirme l’acceptation tacite par les Américains de l’autorité du chef de
la France combattante, le général de Gaulle.