"L’alliance
anglo-américaine de la Seconde Guerre mondiale est probablement la plus réussie
de toute l’histoire. L’association avait pour but la défaite des puissances de l’Axe.Les
accords obtenus sur la façon de conduire la guerre n’étaient que des compromis,
et ce n’est ni surprenant ni dérangeant que les opérations britanniques et
américaines ne coïncidaient pas toujours. Ce qui frappe, c’est plutôt la fait
que leurs chefs aient réussi à prendre des décisions communes et qu’ils les
aient appliqués en toute loyauté"
M.Bluemenson,
La Bataille des généraux.
Toujours dans la revue Armées d'Aujourd'hui, numéro 291, voici l'avancée des forces alliées :
JUILLET
1944 : LA LIBÉRATION DE CAEN ET SAINT-LÔ
Bombardier moyen bimoteur Marauder
vue aérienne d'un bombardement sur la côte normande.
Caen après les
bombardements
La
ville existe. Miracle ! J’ai reconnu, à l’ouest, l’abbaye aux Hommes dont
les deux clochers sont intacts, à l’est, l’abbaye aux Dames, endommagée mais
debout elle aussi.[…] Les premiers habitants
que nous avons rencontrés regardent passer leurs libérateurs, qui sont aussi
leurs destructeurs, avec une expression bien différente de celle que j’ai noté
à Bayeux ou à Cherbourg.[…] L’expression est
ravagée, hallucinée, mais soulagée. J’avance un peu dans la ville, dans ce qui
est la ville. C’est indescriptible…
Jaques Kayser, Un journaliste sur
le front de Normandie
Messages du
ministre des affaires étrangères de Grande-Bretagne aux Caenais, par radio, le
14 juillet1944 :
Ce
que nous avons appelé jusqu’ici la Résistance n’est pas un mouvement isolé.
Elle a ses racines dans l’âme du peuple français tout entier. C’est peut-être à
Caen, il y a quelques jours, qu’on a pu le mieux mesurer à quel point ces
sentiments lui sont chevillés au cœur.
Au
premier jour du débarquement, les habitants de cette vielle ville de Caen,
après quatre ans d’occupation allemande,
ont, pour ainsi dire, touché du doigt la libération. Ils ont pourtant dû
supporter pendant un mois tout le poids des bombardements de leurs propres
alliés. Après ces épreuves, quand nous pénétrons dans la ville, les Français
qui nous accueillent ne nous font pas de récriminations.[…]
C’est le vrai visage d’un peuple qui se révèle.[…]
En ce jour, le dernier 14 juillet, plaise à Dieu, où la présence de l’ennemi
nous sépare encore, je dis : Vive la France.
A la suite des violents bombardements
du 6 juin, puis de ceux du 7 juillet, de nombreux Caennais ont fui la ville en
flamme. Les uns poussant une brouette, les autres tirant une voiture à bras,
ils ont trouvé refuge dans les galeries
souterraines de Fleury-sur-Orne.
LA LIBERATION DE
SAINT-LÔ (18 juillet)
Après un mois de piétinement dans
le bocage, les troupes de Brandley s’emparent, dans la soirée du 18 juillet, à
la suite de combats interminables et meurtriers, de l’important carrefour
routier de Saint-Lô.
A l’instar de Caen, la ville de Saint-Lô a été totalement
détruite. La prise de la préfecture de la Manche avait mis fin à la war of hedgerows (la guerre des haies),
épreuve la plus meurtrière subie par 1er Armée US durant toute sa
campagne en Europe. Au 20 juillet, les Américains ont perdu le début de la campagne 62 000
hommes, dont 10 000 tués, et les Britanniques 35 000, dont 6 000 tués.
Saint-Lô détruit, devant le passage des jeep
Saint-Lô : vue aérienne de la ville, après les bombardements
AOÛT 1944 : PERCÉE ET VICTOIRE
"L'état du front est pire que fâcheux. A l'ouest, la situation est devenue grave."
Goebbels, Journal, 3 août 1944
Opération Cobra (25-30 juillet)
Cobra est le nom de code de la percée engagée par les Américains dans le secteur de Saint-Lo à partir du 25 juillet.
Précédée par une préparation aérienne d’une
puissance exceptionnelle, Cobra
créait la brèche et menait les Américains dans Coutances le 28 juillet, puis
dans Granville et Avranches le 31 juillet.
Colonne de camions destinés à l'approvisionnement de la 3è armée américaine
Enfin, après cinquante-cinq jours de
combat, le moment tant attendu par Eisenhower et le monde entier était
arrivé : l’aile occidentale du dispositif allemand se désagrégeait.
La poche de Falaise
Après
avoir
libéré Rennes et Le Mans, les unités américaines auxquelles s’était jointe la 2e
division blindée du général Leclerc débarquée au début du mois d’aout à Utah Beach, obliquaient carrément en
direction de la Seine et de Paris.
Le 18 août, l'opération Tractable ouvrait, enfin, les portes de
la cité de Falaise aux troupes anglo-canadienne.
Colonne de blindés alliés se dirigeant vers le village de Pierrefitte-en-Cinglis, à 12 km à l'ouest de falaise, survolée par un chasseur-bombardier.
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